Episode 3 : Les voiles rouges Dans la tête de Jazz
Los Angeles, 1987, la nuit.
La ville s’étire sous un ciel noirci par les lumières artificielles. Ici, le calme n’existe pas vraiment. Au-dessus de nous, les étoiles sont presque invisibles, englouties par l’éclat aveuglant des néons et des panneaux publicitaires géants. Los Angeles ne dort jamais, elle veille, elle respire au rythme d’une frénésie qui ne s’éteint pas.
Sur Hollywood Boulevard, la foule est toujours là, déambulant sous les enseignes lumineuses des cinémas, des boutiques souvenirs, des fast-foods. Des rires éclatent, des voix se mêlent, tandis que des silhouettes traversent les rues. Des groupes se forment, des solitaires traînent, et derrière chaque visage, un secret, une ambition ou une déception.
Mais loin des projecteurs, dans les ruelles sombres, une autre réalité existe. Là, où la lumière vacille et où les ombres s’étirent comme des spectres, quelque chose guette. Quelque chose d’invisible, tapi dans l’ombre, attendant le moment propice pour frapper.
C’est ici que le tueur aux voiles rouges rôde. Une silhouette massive et menaçante, invisible parmi la foule, traquant en silence. Ce soir, il a choisi sa proie : Kimberly Preston.
Kimberly, star de films d’horreurs destinés aux vidéos club, ignorait tout de ce qui se passait à l’extérieur. Dans son loft chic, au cœur de Los Angeles, elle vivait sa vie insouciante, croyant être protégée par la distance qu’elle mettait entre elle et le monde. Mais elle ne savait pas que depuis des semaines, quelqu’un l’observait. Il la connaissait, chaque détail de sa vie publique et privée. Un regard, un sourire volé par les caméras, une interview où elle parlait de ses rêves… tout cela l’avait conduit à cette nuit.
Fatiguée par sa journée où elle tournait des scènes du « train de l’enfer 3 », Kimberly enfila son justaucorps et alluma sa stéréo. “I’m Not a Animal” de Felony résonna dans son appartement, ses battements lourds et pulsants emplissant l’air. Elle commença sa séance d’aérobic, ses mouvements réguliers et précis synchronisés avec la musique. La ville à l’extérieur semblait si lointaine. Les passants, les voitures, tout ça s’effaçait derrière les murs de son loft. Ici, elle était seule. Ou du moins, c’est ce qu’elle croyait.
Derrière la vitre, dans l’obscurité, des yeux l’observaient. Le tueur aux voiles rouges attendait, patient et silencieux. Il enfila ses gants en cuir, son rituel personnel avant chaque meurtre. La lame de sa machette brillait faiblement dans la nuit.
Il avait tout prévu. Chaque détail. Cette nuit serait la dernière pour Kimberly.
À l’intérieur, la musique battait son plein. Kimberly sautait, dansait, inconsciente du danger qui approchait. La porte s’ouvrit doucement, sans bruit. Le tueur était là, à quelques pas de sa victime, prêt à frapper.
Un frisson d’effroi traversa la pièce lorsque la lumière vacilla soudainement. Kimberly s’arrêta, essoufflée, légèrement confuse. “Est-ce que quelqu’un est là ?” murmura-t-elle. Elle regarda autour d’elle, mais ne vit rien, juste l’obscurité qui l’entourait. Les ombres, pourtant, semblaient se refermer sur elle.
Le tueur aux voiles rouges était désormais dans son dos, dominant l’espace, sa machette levée. Kimberly, ignorant toujours sa présence, reprit son souffle, se préparant à enchaîner un dernier mouvement. Mais alors, tout bascula.
Un bruit sec, celui de la lame tranchant l’air. Puis, le choc brutal.
Elle hurla, mais le cri fut étouffé par la musique toujours en fond. Ses yeux s’agrandirent d’horreur lorsqu’elle réalisa ce qui se passait. La douleur était fulgurante, l’adrénaline la submergea. Elle tenta de courir, de fuir, mais ses jambes la trahirent, s’effondrant sous elle.
Le tueur, implacable, approcha, couvrant son corps tremblant d’un voile rouge, son rituel macabre complété. Pour lui, ce n’était pas simplement un meurtre. C’était une œuvre.
Dans le lointain, les lumières de la ville continuaient de scintiller, indifférentes à l’horreur qui venait de se produire dans cet appartement anonyme.
Le tueur, quant à lui savait qu’il n’était qu’au début de son œuvre et qu’un autre voile rouge viendrait compléter sa collection.